Le retors Navajo permet, à partir d’un “célibataire” (fil unique) d’obtenir un fil à 3 brins. Le principe est assez simple mais nécessite une certaine dextérité dans les mouvements. Il s’agit de former une chaînette lâche avec le fil unique, de la même manière qu’on le fait avec un crochet, tout en faisant tourner la roue du rouet dans le sens contraire des aiguilles d’une montre (sens habituel du retors).
Tout l’art du retors Navajo consiste donc à former la chaînette, tout en pédalant sur le rouet, mais pas trop vite sinon le brin de laine final est trop retordu et donc il n’est pas « balancé ».
Le retors navajo permet de conserver l’alternance de couleurs, il est donc tout indiqué pour faire des fils rythmés. Mais il conviens bien sûr pour les fils uni.
Voici les explications pour obtenir un fil avec un dégradé de couleurs.
1. Teinture de la laine
Ici j’utilise de l’agneau en ruban, j’en ai 100 grammes, que je plie en 4 (ou en 5, ou en 6, mais attention à faire des plages de couleurs assez larges, de façon à bien faire ressortir chaque nuance). Ma laine est préalablement lavée puis essorée, elle est juste humide.
J’ai d’abord appliqué le jaune, au centre, puis de part et d’autre le bleu, et le rose fuschia, en prenant bien soin de mélanger chaque couleur qui se jouxte :
jaune + rose = orange
jaune + bleu = vert
et enfin aux extrémités, bleu+rose = violet.
2. Préparation du ruban
Avant de commencer à filer, il faut préparer la laine, c’est à dire l’étirer précautionneusement en un mince ruban de façon à conserver correctement l’alternance des couleurs. J’ai divisé ma mèche en 4 (les 4 plages de couleurs), puis j’étire chaque ruban soigneusement.
Et je forme une pelote avec chacun des 4 rubans (ou je mets sur une quenouille). Penser à commencer à filer avec toujours la même couleur, pour que le dégradé se répète continuellement sur le fil dans le bon sens.
3. Filage
Il faut penser que le retors Navajo va faire un fil à 3 brins, donc ce sera un fil relativement épais. Faire le célibataire en conséquence. Ici j’ai mis un ratio élevé, pour obtenir un fil assez torsadé et plutôt fin.
On voit bien le dégradé de couleurs. Lorsque la bobine est pleine (j’ai filé 2 portions de ruban, soit 50 gr, sans chercher à remplir ma bobine), c’est l’étape du retors.
4. Le retors
Ce type de retors est plus long à faire qu’un retors classique, on a tendance à pédaler beaucoup et par le fait, à mettre trop de torsion sur le fil. J’ai donc baissé de ratio, et je fais attention à pédaler lentement.
Il faut arriver à synchroniser correctement les mouvements, et gérer le retors, parceque les fils ont tendance à s’emmêler un peu. Ma main droite fait tout le travail, c’est à dire maintenir la boucle ouverte, y passer le fil et former les nouvelles boucles, tandis que ma main gauche fait un mouvement de va et vient sur le fil nouvellement formé, en pinçant le fil au niveau des boucles. C’est à dire : je pince ma boucle nouvellement formée de la main gauche, pendant ce temps, je forme une nouvelle boucle de ma main droite, je lâche le fil de ma main gauche et je remonte rapidement jusqu’à la nouvelle boucle. La main droite est déjà en train d’ouvrir la prochaine boucle, et ainsi de suite. Pendant ce temps-là, ne pas oublier de pédaler (pas trop vite !) pour obtenir une torsion en “S”. Au début, il faut prendre son temps, ensuite quand on a compris le principe, c’est très facile à faire.
Le retors Navajo fait un fil très torsadé.
Une vidéo du retors navajo :