Teindre du fil à chaussette

Soleil

Pour qu’un fil forme des rayures, il faut que la portion teintée dans une couleur donnée soit suffisamment longue. Ce n’est pas le cas d’un écheveau classique, dont la circonférence excède rarement 2 m. Ainsi, lorsque l’on teint un écheveau d’1,80 m de circonférence, même si le résultat est fort joli, il ne ressemble en rien au rendu des fils du commerce des marques comme Regia ou Opal.

Voici deux méthodes pour teindre du fil à chaussette afin qu’il forme des rayures automatiques.

Méthode n°1 : Tube pré-tricoté

Chaussettes « flashy »

La première méthode, la plus facile, consiste à réaliser un « tricot blanc » en tubulaire, en tricotant très lâche. La tâche est moins ardue à la machine, évidemment. Ensuite, on teint ce tube, puis on le retricote avec les bonnes aiguilles. La méthode donne de jolis dégradés.

Le seul inconvénient dans cette façon de faire c’est d’obtenir deux chaussettes identiques.

Certains tricotent deux fils ensemble. Mais personnellement, j’ai préféré plier le tube en deux pour obtenir deux portions identiques.

 

Mon départ de chaussette sera la portion rose en bas du tube, qui est plié en deux pour que les différentes portions de couleurs correspondent d’une chaussette à l’autre. J’ai utilisé des teintures Rit, rose en bas, puis jaune néon, vert néon et bleu canard. Je travaille toujours sur laine humide, j’ai l’habitude de laver ma laine systématiquement avant teinture, puis de bien l’essorer (avec une essoreuse, mais la machine à laver fonction essorage fonctionne aussi). Souvent les laines contiennent encore un peu de la graisse des machines, c’est pourquoi il est important de les dégraisser correctement avant teinture, pour que celle-ci prenne au mieux.

Une fois mes couleurs posées selon l’inspiration du moment, j’ai emballé mon tube teint et plié en deux dans du film plastique pour que les portions de  couleurs ne se touchent pas, roulé le tout en escargot, puis mis au micro-onde dans un récipient. Mettre 2 minutes à pleine puissance, faire une pause de 2 minutes, répéter encore 2 fois ces deux étapes. Laisser refroidir au moins 30 mn, et bien rincer. Le fait de laisser la laine refroidir a deux avantages, d’abord la teinture va bien prendre le temps de se fixer sur la fibre. Ensuite, cela évite les chocs thermiques que la laine déteste.

Note : dans cette méthode, lorsque l’on détricote le tube, le fil de laine est ondulé car il a gardé sa forme du fait de la chaleur de la teinture (on dit qu’il est « bloqué »). Les chaussettes auront donc un aspect un peu « frisé » qui va disparaître une fois qu’on les aura lavées.

Méthode n°2 : Écheveau long

Les roses du jardin

La deuxième méthode est plus complexe à mettre en œuvre mais elle permet beaucoup plus de libertés et permet d’obtenir des fils teints comme ceux du commerce.

Puisque la circonférence standard d’un écheveau, entre 1,80 m et 2 m, est trop courte il faut reformer un écheveau plus long. J’ai l’habitude faire des écheveaux de 12 m. On peut bien sûr faire plus long ou plus court.

 

 

 

Pour réaliser un si grand écheveau, il y a 2 façons de faire.

  1. installer des chaises écartées de 6 m (c’est à dire la moitié de la circonférence souhaitée, ici 12 m), ou n’importe quel autre objet qui permettra de former un écheveau. Et s’armer de courage.
  2. utiliser un outil qui sert habituellement en tissage et que l’on va détourner de son usage initial : un ourdissoir. L’ourdissoir permet justement de former des écheveaux de grande longueur, sans avoir besoin ni de courir ni de place. C’est donc un outil tout trouvé ! En plus, je me sers aussi de l’ourdissoir pour remettre mon écheveau en pelote. Je gagne beaucoup de temps et de labeur.

L’ourdissoir tournant est le plus pratique pour réaliser un long écheveau, mais on peut aussi utiliser un ourdissoir plus simple comme celui-ci.

Pour former l’écheveau, on mesure d’abord 6 m d’un fil de référence en couleur contrastante (pour une circonférence de 12 m). Puis on l’installe sur l’ourdissoir. Il suffit de le suivre en allers-retours avec le fil à chaussette. Bien penser à tourner toujours dans le même sens autour des pitons de départ et d’arrivée.

Une fois que notre écheveau est formé, il faut le lier sans trop serrer à plusieurs endroits, afin qu’il ne s’emmêle pas ultérieurement. Attention à ne pas serrer les liens, sinon cela fera des réserves blanches dans la teinture (à moins de le vouloir comme pour le Shibori bien sûr !)

Comme pour une chaîne en tissage, je trouve pratique de manipuler mon long écheveau sous forme de chaînette. Cela évite qu’il ne s’emmêle : il ne demande que cela, surtout pour le laver et l’essorer. Je le met donc en chaînette à mesure que je le retire de l’ourdissoir. Je défais la chaînette seulement au moment de teindre.

La partie la plus délicate mais aussi la plus exaltante vient ensuite. Le but est de poser son écheveau sur la table de façon à bien démarquer chaque portion que l’on souhaitera teindre dans une couleur donnée. Ce qui n’est pas aisé avec une si grande longueur. Surtout qu’il faudra ensuite emballer chaque zone de couleur séparément des autres pour qu’elles ne migrent pas. Je montre une façon de faire, mais il en existe d’autres, à vous de voir ce que vous préférez. Ensuite, le mode opératoire est le même que pour la méthode n°1 : on laisse aller son imagination, puis fixage de la couleur au micro-onde, 2 mn à pleine puissant, pause de 2 mn, on répète encore 2 fois. Attendre au moins 30 mn avant de déballer et rincer.

Quelques idées de teintures :