La teinture avec des racines de rhubarbe est très gratifiante à réaliser. D’une part, il n’est pas nécessaire de mordancer la laine, ce qui élimine une étape qui peut être impressionnante quand on débute. D’autre part, l’extraction de la couleur est facile à réaliser. Et enfin, à l’aide de « post-bains », on peut grandement modifier la couleur obtenue. La couleur de départ est un beau jaune d’or soutenu, qui peut virer à l’orange ou au vert olive.
Un post-bain en teinture végétale, est une opération supplémentaire qui permet de faire varier la couleur initiale obtenue. Il y a plusieurs ajouts possibles :
- le sulfate de fer, pas plus de 2% du poids de la fibre, qui va foncer et rendre les couleurs plus sourdes.
- le sulfate de cuivre a tendance à verdir les teintes
- pH acide, c’est le vinaigre qui est le plus utilisé, il m’arrive d’utiliser également l’acide oxalique.
- pH basiques, ce sont les cristaux de soude qui permettent de rendre un bain alcalin. Je déconseille l’ammoniaque, corrosif pour les bronches et volatile, qui ne donne pas de meilleurs résultats de toute façon.
On peut réaliser plusieurs post-bain, soit sulfate de fer et vinaigre, ou sulfate de fer et cristaux de soude ; il n’y a en revanche aucun intérêt à faire un post-bain acide puis d’enchaîner avec un post-bain basique et vice-versa, car ce dernier annulerai les effets du premier.
Le post-bain s’effectue à la fin de la teinture, la plupart du temps juste après l’opération de teinture. Il se fait à chaud ou à froid, mais je conseille de le faire à froid parce que le sulfate de fer et les cristaux de soude risquent d’abîmer la laine à forte température.
On peut réaliser le post-bain dans le bain de teinture ou à part. S’il est réalisé dans le bain de teinture, celui-ci ne pourra pas être réutilisé. Tandis qu’effectué à part, le bain de teinture peut resservir.
Mode opératoire de la teinture aux racines de rhubarbe :
On peut réaliser une décoction des racines de rhubarbe (environ 50-75% du poids des fibres à teindre). Ou bien simplement verser de l’eau bouillante sur les racines et laisser ce bain toute une journée ou davantage. Dans mon exemple, j’ai laissé les racines dans l’eau plus d’1 semaine après avoir versé l’eau bouillante.
Ensuite filtrer le bain, rincer la laine à teindre (qui n’a pas besoin d’être mordancée) et la plonger dans le bain colorant. Faire chauffer en dessous de 80°C pendant 30 à 45 mn, et laisser refroidir toute une nuit.
Préparation des post-bain :
Remplir d’eau un récipient suffisamment grand pour contenir l’écheveau à teindre, et ajouter soit 2% de sulfate de fer, soit 1 cuillère à soupe de cristaux de soude, ou 2% de sulfate de cuivre ou encore du vinaigre (je fais toujours au jugé pour le vinaigre, sa concentration n’est pas préjudiciable pour la fibre). Ici j’ai préparé chaque post-bain dans deux récipients.
Plonger l’écheveau dans la solution obtenue, bien remuer en s’assurant qu’il est correctement trempé. Puis laisser simplement pendant 1 h. Le retirer, le laver avec un détergent au pH neutre, essorer, c’est tout.
Remarques :
- Avec certaines teintures, le fait de varier le pH a des répercussions très importantes. C’est le cas pour la rhubarbe. La cochenille réagit très fortement au pH (de orange à violet en passant par le bordeau, rouge, rose).
- La couleur qui a viré par changement de pH retournera à sa teinte d’origine si elle est exposé à un pH contraire (par exemple, ici, la couleur redeviendra jaune d’or si j’effectue un post-bain acide). Il est donc important de bien laver la laine avec un détergent à pH neutre, qui ne modifiera pas la nuance.
- Il y a des teintures qui ne sont pas affectées par les post-bain, ou dont le résultat n’est pas très intéressant. Il faut donc faire des essais !
- J’ai pour habitude de teindre plusieurs écheveaux à la fois, ce qui me permet d’expérimenter les post-bain.